Je connais Marie-Hélène comme une jeune femme dynamique, positive, impliquée et déterminée. Sa joie de vivre et son sourire sont contagieux. Si tout semble lui réussir aujourd’hui, c’est qu’elle a su faire preuve d’une grande résilience et d’une force intérieure pour devenir la femme inspirante qu’elle est.
« À 13 ans, je perdais ma mère d’un foudroyant cancer et je perdais tous mes repères. Étant la seule fille à la maison avec deux frères aînés, j’ai dû devenir mature avant le temps. Mon père a refait sa vie par la suite et nous sommes déménagés dans une autre région. Je ne voulais pas, je lui en voulais et je n’avais pas de bons liens avec sa nouvelle copine. Quand je suis rentrée à l’université, je voulais être loin de ma famille donc je suis partie pour Québec et je suis tombée en débauche; jamais assez creuse, mais assez pour me faire du mal et en faire à des gens que j’aimais. J’ai toujours vécu avec une certaine culpabilité d’avoir blessé des gens qui m’aimaient.
Cette période de débauche m’a poussé à partir dans l’Ouest canadien, car j’étais au bout du rouleau, en pleine dépression. Je me suis dit que ce voyage allait m’aider à remettre les choses en place et à me remettre sur pied. Toutefois, j’ai tellement senti un rejet et une incompréhension d’une partie de ma famille et de l’homme qui comptait pour moi, mon père, que je ne voulais absolument pas revenir. Un ami rencontré là-bas m’a fait comprendre que je n’allais pas régler mes deuils par la fuite, en ne rentrant pas. Je ne voulais tellement pas me montrer vulnérable je ne voulais pas montrer que j’avais échoué une partie de ma vie. Je me suis toujours montrée forte même après le décès de ma mère que c’est maintenant rendu difficile pour moi d’avouer mes faiblesses. Si je suis encore en vie aujourd’hui, c’est grâce à l’un de mes frères qui m’a toujours soutenue et qui a compris ma détresse. J’ai suivi une thérapie…j’avais tellement manqué de modèles, d’amour dans les dernières années que mon estime était totalement à refaire. J’ai encore des liens difficiles avec mon père, j’ai tellement toujours l’impression de n’être jamais être assez bonne, alors je me défonce dans la vie. J’ai un super travail dans les communications, j’ai des projets et je réalise plein de défis stimulants. Je suis fière de moi et j’aimerais que mon père le soit aussi.
Aujourd’hui, j’ai la chance d’être entourée d’amis extraordinaires et d’un copain merveilleux. Je suis choyée en ce sens et c’est précieux pour moi. Pour le moment, je ne veux pas d’enfant; pour moi, c’est trop fragile l’enfance et les décisions d’adultes peuvent avoir un impact tellement grand et destructeur sur eux. Maintenant j’accepte mieux mon passé et je partage mes bonheurs et mes peines avec ces êtres magnifiques qui m’aiment et qui ont fait le choix d’être dans ma vie et moi, dans la leur. »
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Crédit photo: Album personnel de Marie-Hélène.