PAMÉLA

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Ses devises : « Demandez, donnez et vous recevrez », « But+Plan+Action=Succès! »

L’art, c’est sa vie. Ça tombe bien, c’est aussi son talent ultime. Si le dessin a pu lui amener une certaine résilience, c’est toutefois sa détermination qui a amené Pamela à se dépasser.

L’artiste peintre, illustratrice et entrepreneure en est à sa quatrième année d’études à Concordia pour devenir enseignante en arts plastique. Elle est la première surprise de s’être rendue jusque-là.

« À l’adolescence, j’habitais un petit village où j’étais victime d’intimidation. J’ai toujours été bonne et attirée par l’art et je me valorisais à travers ça. Ça me permettait d’être seule, dans ma bulle. J’ai ensuite fait des cours de théâtre qui m’ont permis de me débloquer. Suite à ça, j’ai changé pour le tout, je suis devenue une créative hyperactive. Durant mon secondaire, je me suis mise à créer des cartes de Noël pour faire des sous. »

Illustration signée Paméla
Illustration signée Paméla

Quelques années plus tard, elle obtient son DEC en arts du Cégep de St-Jean-sur-le-Richelieu et elle déménage à Montréal où elle décrit avoir vécu des années de débauche.

« Autant je n’avais aucun succès auprès des gars dans mon petit village, autant qu’à Montréal, ça a explosé! Il n’en fallait pas plus pour que je parte sur une dérape assez intense! »

À 25 ans, la montréalaise d’adoption tombe enceinte de son copain des quatre derniers mois.

 « Autant ce n’était pas prévu, autant ma grossesse m’a sauvée la vie. Je n’aurais peut-être pas survécu si j’avais continué le même rythme de vie que j’avais.  J’étais sur l’aide sociale, je n’allais pas bien.  J’étais déprimée, j’avais perdu mes repères et j’étais désorganisée. Je reconnaissais mon talent artistique, mais je n’arrivais pas à  faire quoi que ce soit avec. À ce moment-là, je ne savais pas encore que j’avais un TDAH (trouble de déficit d’attention avec hyperactivité). »

Durant sa grossesse, Paméla a un suivi psychiatrique et compte sur l’aide inestimable d’organismes dont la Fondation OLO et le CLSC Ahuntsic qui l’ont aidée à se rebâtir une valorisation.

« De l’aide, c’est difficile à obtenir, mais le jour où tu as un enfant, crois-moi, t’es rapidement aidée. Ma fille m’a amenée à me mettre en action, à aller chercher l’aide pour me reprendre en main.»

Alors que les choses ne se passent pas bien avec son conjoint, Paméla entreprend  de se séparer ce celui-ci et d’élever seule sa fille. Par la suite, elle emménage dans un HLM sur le plateau Mont-Royal. Quartier de haute créativité, l’envie de s’en imprégner la regagne intensément. Un peu plus tard, elle rencontre un nouvel amoureux qui l’aide à faire ressortir sa créativité.

« Je voulais être un exemple pour mon enfant alors il n’était pas question que je demeure sur l’aide sociale. J’ai fait des recherches puis je me suis inscrite à un cours en entrepreneuriat. J’ai ensuite monté un projet de cartes de souhaits. J’ai alors trouvé un arrangement avec mes amis et ma famille pour amasser des fonds pour partir mon projet. Disons que je suis très bien entourée.»

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Elle se présente ensuite au SAJE (organisme de soutien aux jeunes entrepreneurs). Elle y arrive préparée et elle leur présente un plan d’affaires détaillé.

«J’ai été acceptée. J’avais donc un an de fonds de leur part pour monter et partir mon entreprise. Ils supportent les jeunes entrepreneurs pour se lancer. Ça m’a donné les outils nécessaires pour me partir. Pinkpam est ensuite né! »

Avec une partenaire, elle loue ensuite un atelier au Chat des Artistes sur la rue Parthenais et lance une nouvelle collection de cartes pour 2009-2010. Elle se retrouve avec plus de trente points de vente pour ses cartes de souhaits et elle s’occupe de tout de A à Z : du marketing, à l’illustration, à la production, à l’emballage et la livraison. En 2010, elle a son kiosque au Salon du cadeau qui lui donne une superbe visibilité. Impressionnée par sa détermination, une femme rencontrée dans le cadre de ses démarches de lancement d’entreprise lui offre une magnifique opportunité : donner des conférences sur son cheminement dans des écoles et dans des centres jeunesse-emploi.

« J’offrais mon témoignage sur le fait qu’on peut se sortir de l’aide sociale. C’est tout à fait possible.»

Il est toutefois assuré que le passage entre être prestataire de l’aide sociale et entrepreneure ne se fait pas sans travail acharné.

 « J’ai dû développer un « minding » de business. Il ne s’agit pas juste d’être une artiste, il s’agit d’apprendre à se faire connaître, à se donner de la visibilité. Ça te fait acquérir des notions de marketing, de publicité, de communications…  Ça m’a appris à m’organiser aussi. Avant j’étais une bordélique autant dans ma tête que chez moi. Ça fait progresser toute ta vie, pas juste l’aspect professionnel. Maintenant aussi, j’ose demander de l’aide; je réalise que très souvent, tu n’as qu’à demander pour obtenir. Il faut passer à l’action et accepter d’être vulnérable là-dedans. Je ne baisse plus les bras, j’accepte que ça ne soit pas toujours facile. »

Lucide, Paméla est bien consciente que tout ça soit possible également parce qu’elle a accepté qu’elle avait un diagnostic et qu’elle a compris qu’elle avait besoin d’être traitée pour ça.

« Rien ne fonctionnait pour me partir en affaires au tout début, je vivais plein d’échecs et jamais de succès. J’étais désorientée parce que non-traitée. Quand le diagnostic de TDAH est sorti, j’ai accepté de prendre la médication et aujourd’hui, je sais plus que jamais que je ne pourrais vivre sans la prendre et sans utiliser les outils que j’ai appris à développer et mettre en place.

La présence et le soutien de l’entourage est primordial, mais parfois, lorsque nous avons une vision bien précise de ce que nous désirons, il est possible que les gens autour de nous questionnent nos actions.

« Mon entourage se demandait pourquoi je me cassais la tête à me partir en business quand je pouvais simplement me trouver une job. Je ne pouvais pas. Le 9 à 5, très peu pour moi. Je ne peux pas fonctionner dans un travail avec des patrons. La seule chose qui me restait, c’était l’art. Je ne me voyais pas faire autre chose. Quand tu te bases sur ce en quoi tu es bon et que tu focuses là-dessus, quand tu mets du temps, de l’énergie,  tu peux juste réussir. »

Il faut dire que Paméla est une personne qui s’est toujours mise en action pour aller trouver les outils, l’aide et le soutien nécessaire pour arriver à ses fins. Une qualité déterminante dans le succès de nos entreprises.

« Je suis allée chercher l’aide de tous les organismes en soutien à l’entrepreneuriat de Montréal. Je me suis dit : plus je vais avoir d’informations sur le sujet, plus je vais avoir de chances! Je n’étais pas douée pour la comptabilité et la gestion, mais je ne suis pas restée assise à me dire que ça ne marcherait pas. Y’a plein de ressources gratuites, principalement à Montréal. C’est faux qu’il n’y a pas d’aide. Il faut chercher et aller cogner aux portes. L’aide est présente. Ceux qui vont te dire que tes affaires ne marcheront pas, ils veulent te protéger pour ne pas que tu te plantes, ils ont peur pour toi. Ça ne part pas d’une mauvaise intention, mais souvent parce qu’eux-mêmes leurs affaires n’ont pas fonctionné. Moi, je me dis que je me la péterai la gueule au pire, mais je vais avoir essayé du mieux que je peux. Je ne suis pas quelqu’un qui attend que les choses se passent, je dois être dans l’action. Tu as beau te faire plein de projets, si tu ne mets rien en action, ça ne marchera pas. Il ne faut jamais s’arrêter après le premier « non », ni le deuxième ou le troisième. Il faut simplement s’attendre aux embûches. »

Et le rapport avec l’argent après s’être sortie de l’aide sociale depuis plus de sept ans?

« Tu obtiens des outils de ton passé difficile, il faut voir ça comme une chance. Avec mon histoire vient des ressources qui font que j’arrive à fonctionner aujourd’hui. D’autres qui ont vécu moins d’épreuves n’ont peut-être pas un coffre aussi rempli. L’argent, quand il y en a, il y en a et quand il y en n’a pas, on s’organise, on fait avec. Je n’ai jamais voyagé, c’est une déception, mais il ne faut pas focuser sur ce qu’on n’a pas. Je ne suis pas riche monétairement, mais j’ai une richesse intellectuelle et une certaine liberté artistique qui me comblent énormément.»

Paméla affirme que les livres de développement personnel l’ont aidée à développer sa confiance en elle et son estime. Créer est également un très bon moyen pour arriver aux mêmes fins.

« Dans mon art, je travaille présentement sur mon orgueil. Je fais des autoportraits de nu. C’est en même temps un beau pied de nez aux messages véhiculés par la société. La beauté, c’est tout ce qu’on est, même pas parfaits. Ce que j’aime avec l’art, c’est que je peux susciter des émotions chez les autres et que j’ai le droit d’avoir l’air weird. Ça me définit comme personne et ça me valorise. »

Le talent remarquable de Paméla, en toiles et en sculptures
Le talent remarquable de Paméla en toiles et en sculptures

Le travail de Paméla est plus qu’impressionnant! Impossible de croire qu’elle a appris à peindre de façon réaliste il y a seulement deux ans!

Quand on regarde le sort de la culture dans notre société, les coupures et le manque de financement auxquels elle fait face, c’est plutôt désolant. Pratiquement tous les organismes de réadaptation et de réinsertion sociale le diront : « l’art sauve des vies ».

L’art est la bouée de sauvetage à laquelle Paméla s’est accrochée solidement. Elle a parfois dû nager à contre-courant, mais sa force a fait d’elle une battante. C’est une femme, une mère et une artiste accomplie à qui la vie ouvre toutes grandes ses portes.

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Crédits photos: Annie Murphy et collection personnelle de Paméla.

Pinkpam : http://www.pinkpam.com

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