VÉRONIQUE

Sa devise : « Tout est possible jusqu’à preuve du contraire »

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Il y a presque 40 ans, les pronostics n’étaient pas bons pour un bébé qui naissait prématurément à 28 semaines. Tandis que Véronique passait les trois premiers mois de sa vie dans un incubateur, sa mère se remettait de l’accouchement très difficile durant lequel elle a elle-même failli y laisser sa peau. En plus de devoir s’occuper de sa propre santé, sa mère a appris que sa fille n’allait probablement jamais parler ni marcher et vivre dans un état végétatif. Véronique était atteinte de paralysie cérébrale.

La maman de Véronique, également mère de deux ados, a vécu le pire des cauchemars.

 « Mes parents ont été forts, ils ont décidé que personne ne m’imposerait de limites. Ils ont su m’offrir beaucoup de stimulations dès mon plus jeune âge. À un certain moment, ils se sont aperçu que j’avais tout d’un bébé normal outre que je ne marchais pas ».

S’en est suivi plusieurs opérations à l’hôpital Ste-Justine, plusieurs traitements de physiothérapie, d’ergothérapie et aussi d’orthophonie.  À six ans, la petite Véronique commençait à marcher.

« J’ai des souvenirs heureux de mon enfance. On ne m’a jamais fait sentir différente des autres. Au primaire, j’allais dans une école spécialisée et les autres enfants vivaient avec des défis importants tout comme moi. Dans ma tête, c’était ça être enfant, je ne connaissais rien d’autre. C’est lorsqu’on est confronté au monde extérieur qu’on comprend finalement qu’on  n’est pas comme les autres ».

Si l’enfance de Véronique a été douce jusqu’à la fin du primaire, son arrivée dans une polyvalente ne marque pas le début d’une période facile. Elle doit reprendre un rythme académique normal  comme tous les autres jeunes ne vivant pas de défis particuliers. C’est également une période où d’importantes douleurs physiques liées à la marche apparaissent.

«Je ne me suis jamais sentie victime, on ne m’a pas intimidée. Pour ma part, je me sentais porteuse d’une mission : celle de sensibiliser les autres ».

Vivant d’importantes difficultés scolaires, La jeune Véronique de 16 ans décide de laisser l’école en troisième secondaire.

« C’est la meilleure chose qui me soit arrivée. J’ai pu m’impliquer dans d’autres activités, faire du bénévolat et je me suis promis que j’allais revenir à l’école le jour où j’allais avoir un plan, savoir ce que j’allais vouloir faire. J’ai eu besoin de me chercher et éventuellement, je me suis trouvée. Je savais que je voulais aider les gens ».

À 19 ans, Véronique retourne sur les bancs d’école afin de terminer son cours secondaire. Durant plusieurs années, elle travaille d’arrache-pied pour obtenir son diplôme tout en traversant des hauts et des bas sur le plan de la santé.

C’est une Véronique victorieuse et motivée comme jamais qui est admise, à 28 ans, au CEGEP en techniques d’éducation spécialisée.

« J’ai tellement bûché pour être là. Je suis arrivée dans cette technique tellement déterminée, j’ai pété des scores comme jamais dans ma vie ».

Armée de son diplôme d’études collégiales, un nouveau défi attend Véronique à la fin de sa formation : elle doit convaincre un employeur que malgré ses limites, elle peut être une aussi bonne candidate qu’un autre.

« Je ne me suis jamais mis de bâton dans les roues. J’ai réussi à me battre contre la fatigue, réussi à tout planifier et organiser pour pouvoir me rendre au Cégep, à mes cours, remettre mes travaux à temps, être une bonne stagiaire… j’ai toujours cru que je pouvais être ce que je voulais. Les autres me mettaient des barrières, mais pas moi. Je devais lutter contre ça. J’apportais avec moi dans ma nouvelle carrière tout mon bagage personnel. C’était considérable ».

Son premier emploi, Véronique le trouve chez Viomax, un organisme à but non-lucratif partenaire du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau. Le centre  offre une programmation d’activités physiques pour les personnes atteintes d’une limitation fonctionnelle. Cet emploi, Véronique le décroche à contrat pour un été. Sept ans plus tard, elle est maintenant la directrice générale de Viomax.

En plus de réussir sa vie professionnelle haut la main, Véronique est en couple depuis 15 ans avec l’homme de sa vie.

« C’est lui qui m’a abordé, ça a été un coup de foudre. Il ne voit pas de différence chez moi, il m’aime comme je suis. C’est un gars très calme, zen, il ne voit jamais le côté négatif. Il n’a jamais eu peur de fonder une famille avec moi ».

Parlons-en de la famille. Lorsque nos déplacements doivent se prévoir des heures voire des jours à l’avance et que nous devons nous mouvoir avec des aides à la marche, il peut sembler quasi-utopique de pouvoir avoir un enfant.

« J’ai toujours voulu avoir des enfants, mais je ne savais pas si ça allait être possible. J’ai toujours eu des rêves dans la vie, celui d’avoir une carrière en était un, mais celui d’avoir un enfant était le summum. Si je réussissais à atteindre ça, j’allais avoir eu le top de ce que j’avais toujours rêvé. Rien n’allait pouvoir être plus grand, plus beau pour moi ».

À l’été 2010, son rêve devient réalité : elle apprend qu’elle est enceinte.

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« Ça a été la plus belle période de ma vie. Je sentais que je vivais quelque chose de grand, j’étais privilégiée. Pour la première fois de ma vie, durant ma grossesse, je n’avais aucune douleur et j’ai pu marcher tout le long, jusqu’à la fin, avec mes béquilles, sans fauteuil roulant. Je me suis permis de vivre ça totalement, mon rêve ultime se réalisait. ».

À l’hiver 2011, son fils venait au monde; un enfant en parfaite santé. Heureuse comme jamais, Véronique se voit toutefois confrontée à plusieurs limites.

« À l’hôpital, mon bébé pleurait dans son petit lit. Comme je ne peux pas le prendre et marcher sans aide, j’ai dû appeler l’infirmière afin qu’elle vienne le prendre et me le porter. Elle m’a fait attendre 20 minutes. C’était cruel de voir mon enfant pleurer durant tout ce temps-là. C’est là que j’ai compris que plusieurs nouveaux défis m’attendaient ».

Le retour à la maison n’est pas évident pour Véronique, elle doit s’adapter à ses limites et sa nouvelle réalité de maman.

Véronique et son fils, le beau William
Véronique et son fils, le beau William

« Je ne suis pas d’accord avec ceux qui me dise que je suis courageuse. Je ne me vois pas comme ça. Je n’ai pas choisi mon épreuve, je dois faire avec, mais j’ai le droit de vivre une vie qui me plait aussi. J’ai le choix de comment je le vis et je le perçois ».

Le retour au travail est plutôt difficile; près de l’épuisement, Véronique doit aussi faire un deuil particulier : celui d’avoir atteint son rêve ultime.

« Aussi bizarre que ça puisse paraître, il y a quelque chose de troublant dans le fait de réaliser son plus grand rêve, il y a l’après. Quand tu atteins le plus haut sommet que tu t’étais fixé, tu arrives à un point où tu te dis : Bon ok…je fais quoi là maintenant? L’humain est animé par ses rêves. Quand il n’y en a plus, on ressent un vide ».

À chaque année, Véronique est approchée par le Cégep du Vieux-Montréal, où elle a fait ses études, afin de donner des conférences aux futurs éducateurs spécialisés. Le partage de son vécu est incroyablement inspirant.

« J’adore ces conférences parce que je sens que ça touche les gens. On me pose beaucoup de questions et tant mieux si j’inspire ces futurs collègues. Je suis toujours animée par le défi d’apprendre quelque chose aux gens, d’ouvrir leur yeux et de les sensibiliser à la cause de ceux qui vivent avec un handicap ».

Véronique dit s’être toujours sentie porteuse de la mission de sensibiliser les gens?

Mission accomplie!

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Photos : Remerciements à Kim Côté, photographe, pour son aimable permission d’utiliser ses photographies.

Centre Viomax : www.viomax.org

2275, rue Laurier E.

Mission : Rendre l’activité physique accessible aux gens vivant avec une limitation fonctionnelle.

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